La fabuleuse légende de la barque enchantée
- Jean-Luc Modat
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- 2 juil.
- 3 min de lecture
Auteur artiste créateur : Jean-Luc MODAT tous droits réservés 2024
En Zidro, un vieux pêcheur catalan d’anguilles conteur et doux rêveur à ses heures perdues, m’a conté hier matin une très ancienne histoire onirique. Elle m’a ému. Je vais tenter de vous la restituer, vous la livrer telle que je l’ai saisie.
Fermez donc les yeux ! Imaginez-vous, cher lecteur, assis peinard sur un tas de filets de pêche, prés de Zidro, ce vieux loup de mer au visage autant buriné par le soleil que par les stigmates du temps qui passe, vêtu d’une veste bleue usée et délavée, l’éternel béret vissé sur la tête… Plongé dans le silence des lieux, seulement dérangé par le clapotis des vaguelettes contre la berge de l'étang : Vous êtes à l’anse de la Roquette au lieu-dit « les barracas des pêcheurs » face à l’étang de Salses, à l’écart de tous sentiers battus… Un exquis moment complice, hors le temps…
« Approche-toi davantage, Nin, pour ne pas en perdre une miette! » M’invita-t-il de sa voix catalane rocailleuse. Il planta son regard franc droit dans mes yeux pour s’assurer de capter mon écoute… Puis Zidro, débuta ainsi son histoire : « Depuis de longues semaines Janot n’avait pêché pas le moindre petit fretin… Les filets de son trabaccou restaient désespérément vides ! Ce matin-là, debout sur son cassou (barque catalane à fond plat), le pêcheur plantait puis poussait sa fica (une longue perche de bois ) pour faire glisser sa barque jusqu’à son postre (son lieu de pêche) Là, où il avait calé la veille. Janot hala les cordes du filet… Il ressentit aussitôt une forte résistance. « Si enfin, la chance me souriait ? » Se dit-il.
C’est alors qu’apparut l’énorme tête d’un mérou. Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre aussitôt ce poisson le supplier : »Relâche-moi l'Ami et toute ta vie tu en seras récompensé. « A ces mots, le pêcheur paniqua. « Un poisson qui parle, c’est sorcellerie ! » Se dit-il. « Tu ne le regretteras pas » Insista le mérou. Est-ce par crainte du malin, sans même réfléchir, Janot s’exécuta et rejeta le poisson à l’eau. » C’est étrange ! Les mérous ne fréquentent pas les eaux peu profondes des étangs… » Cette évocation le fit tressaillir songeant soudain sous ces apparences à satan...
Depuis lors, Janot n’est plus jamais rentré bredouille de la pêche ! Même par temps peu cléments, il revenait la barque bleue chargée à ras bords. C’était une chose bien étrange comme si cette barque bleue était douée de vie, d’intuition. Elle le dirigeait toujours jusqu’aux zones poissonneuses. Le pêcheur se doutait bien que ce n’était pas juste le fruit du hasard. Ce brave mérou avait tenu parole ! Toute son existence Janot réalisa de belles pêches. Il conserva son secret jusqu’à son dernier souffle pour réserver ses ultimes instants de vie à me confier cette belle histoire, à moi, Zidro, son fils. Janot consacra toute sa vie, son énergie à convaincre ses amis Mariners i pescaires d’épargner les placides mérous des côtes catalanes.
No és més ric qui més té, sinó qui menys necessita.
N’est pas plus riche celui qui a plus, mais celui qui a le moins besoin.
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